Astérix et le Coup du Menhir

Un menhir a l'air bien léger dans les bras d'Obélix mais quand ce dernier le lance par inadvertance sur son druide Panoramix, on se rend compte des dégâts que peut occasionner une telle pierre.
Panoramix perd la mémoire suite à ce choc et devient donc incapable de préparer la potion magique si indispensable à nos amis gaulois.
L'occasion est trop bonne pour les romains des alentours qui n'attendaient qu'une bonne occasion de se venger.
Un autre événement important vient perturber le quotidien si tranquille du petit village gaulois, l'arrivée inopinée d'un devin qui s'avère être un charlatan. Heureusement qu'Abraracourcix peut compter sur la ruse et la sagesse de son fidèle guerrier Astérix pour espérer sortir de cette situation compliquée.
A noter certaines scènes cocasses lorsque le druide Panoramix tente de se souvenir de sa formule et fait des essais. On ne peut pas dire que les résultats soient ceux escomptés.

Co-producteur des deux films 85/86 avec Dargaud (Astérix et la Surprise de César et Astérix chez les Bretons), la Gaumont accepte de poursuivre l'aventure cinématographique avec Astérix à condition de partager la production. C'est Extrafilm, sous l'impulsion de son dirigeant, sénateur de Berlin, propriétaire de salles de cinéma en RFA (à l'époque) et qui s'est fait une solide réputation autour des succès incroyables des films d'Astérix dans son pays qui joue le jeu. Pas simple, mais la production aboutit à l'un des meilleurs films d'animation d'Astérix (quoique l'un des plus controversés). Désormais, l'animation est quasiment au niveau des Américains !

Hélas, faute de communication suffisante, le coup du menhir n'a pas réalisé de grands scores au cinéma.
Une autre raison de ce non succès fut le parti-pris des réalisateurs sur ce film. Adaptation mélangeant habilement deux albums, "Le Devin" et "Le Combat des Chefs", l’aspect comique et bon-enfant des précédents films et des albums laisse place ici à une ambiance sombre et oppressante, l’humour y est parfois inexistant et certaines séquences sont effrayantes, comme l’apparition du devin pendant l’orage. On a réellement l’impression que l’adaptation a été réalisée par Isao Takahata ou Don Bluth.

De plus, le ton général est souvent emprunt de tristesse, et les personnages sont amenés à traverser diverses épreuves psychologiques, comme la peur de se faire attaquer par les Romains s’ils apprenaient l’incapacité de Panoramix à préparer de la Potion Magique. Enfin, on ne voit à aucun moment nos deux héros donner des baffes aux Romains, montrant l’intention des scénaristes de se concentrer avant tout sur les personnages que sur les bagarres, pourtant une des clés du succès de la série.

Néanmoins, l’histoire et les dialogues sont quasiment calqués sur les deux albums originaux, mais là où on rit de bon cœur sur le papier, c’est toute autre chose dans le film et c'est sûrement ce que ses détracteurs lui reprochent. On ne peut qu’applaudir le courage des auteurs de s’être autant appropriés ces albums afin de réaliser un film plus personnel et sensible, et bien que ce parti-pris n’ait pas plu à tout le monde, beaucoup de fans s’accordent pour dire que c’est l’une des meilleures adaptations de l’œuvre de Goscinny et d’Uderzo. De plus, le mélange des deux albums est tellement bien écrit qu'on croirait presque qu'ils étaient déjà complémentaires.

Enfin, la musique composée par Michel Colombier est magnifique, tant sa mélodie, sa légèreté et sa brutalité concordent avec l’ambiance du film, et ce jusqu’à un final particulièrement émouvant.

Un album de ce film, adapté des deux aventures "Le combat des chefs" et "Le Devin" est disponible aux éditions Albert René.

Merci à Remi pour le doublage!