Roman Kachanov (Роман Качанов)
Présentation
Roman Kachanov (1921-1993), l'illustre réalisateur de plusieurs très beaux films du studio Soyuzmultfilm et maître du volume dès ses premières réalisations, telle la magnifique et poétique adaptation qu'il fit en 1959 avec Anatoly Karanovich du Nuage amoureux de Nazim Hikmet (primé à Annecy en 1960, comme sa célèbre Mouffle en 1967), œuvra encore en 1985 avec Kir Bulychev, ce dernier adaptant à nouveau l'un de ses textes. Ainsi Roman Kachanov – dont le nom est également associé aux quatre films (1969-1983) mettant en scène Gena le crocodile et son ami Cheburashka, personnage qui fort de son succès est devenu l'emblème du studio Soyuzmultfilm – et quelques animateurs du Mystère de la troisième planète reprirent du service pour une aventure de science-fiction relativement légère avec le court-métrage Dva bileta v Indiyu (Deux billets pour l'Inde) adaptant la nouvelle Yunyy Tekhnik (Le jeune technicien). Trois ans plus tard, en 1988, toujours pour Soyuzmultfilm, Kir Bulychev aura l'occasion d'écrire un scénario adaptant en un moyen-métrage les premiers chapitres de son roman de science-fiction Poselok (Le village) sous le titre Pereval (Le passage), roman étant destiné aux jeunes lecteurs, mais aussi aux adultes, ce que le film appuiera encore un peu plus. Dans celui-ci, un vaisseau terrien a fait naufrage sur une planète inconnue de l'équipage. Les membres de ce dernier sont alors contraints de quitter le vaisseau à cause de radiations, et pour trouver un endroit qui puissent les accueillir, ils traversent de dangereuses montagnes pour finir par s'établir en un lieu où ils vont rester vingt années : ledit village du titre. C'est alors que ceux qui, au moment du naufrage n'étaient que de très jeunes enfants, ayant oublié même avoir vécu dans le vaisseau, décident de retrouver celui-ci au péril de leur vie, pour récupérer diverses choses pouvant être utiles à leur survie tels des livres, ou pouvant les aider a envoyer peut-être un message vers la Terre... Magnifiquement mis en scène par Vladimir Tarassov (spécialiste des univers aux ambiances étranges), le moyen-métrage est, dans sa technique de réalisation, sa maitrise artistique et l'atmosphère ténébreuse qui s'en dégage – lié également à la musique parfois spectrale qui recouvre le tout, avec notamment une intrusion de la célèbre Toccata et fugue en ré mineur BWV 565 de Bach – digne de La Planète sauvage de René Laloux, tel un véritable chef-d’œuvre qu'il est. Pereval fut par ailleurs diffusé sur le petit écran français, sur FR3, le jeudi 28 septembre 1989, sous le titre Le Laissez-passer. Concernant encore Roman Kachanov, l'une des caractéristiques des œuvres du réalisateur est la délicatesse et la sensibilité qu'il transmet au travers d'une animation simple mais subtile, comme avec Mama (1972) où est mis en scène l'anxiété d'une mère laissant son enfant seul à la maison pour faire une petite course qui s'éternise, ou encore avec Pismo (La Lettre, 1970) et Metamorfoza (1978), et évidemment avec La Mouffle. Parmi de nombreux autres sujets, il usa également d'un peu de patriotisme avec un bel hommage au cuirassé Aurore en 1973, figure de la révolution bolchévique. La réalisation de La Belle et la Bête (1952) et du Mystère de la troisième planète (1981) restent toutefois ses travaux les plus célèbres et sans doute les plus marquants.
Rôles
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Fiche publiée le 10 septembre 2003 - Dernière modification le 20 août 2016 - Lue 5785 fois |