Homère, le roi des cabots

Diffusions
Arrivée en France (cinéma)19 juin 1992
Editions
Sortie en VHS1993 (Warner Home Vidéo)
Synopsis

Homère, basset hound de son état, coule des jours heureux à Las Vegas auprès de sa maîtresse Connie. Mais le petit ami de cette dernière, Rocky, supporte mal l’amour qu’elle lui porte. Aussi, lorsque Homère – accompagné de son ami Hardy – interrompt involontairement un deal important entre des gangsters et Rocky, celui-ci jure de se débarrasser de l’animal et profitera de l’absence de Connie, partie en tournée avec sa troupe de showgirls, pour enfermer Homère dans un sac et le jeter du haut du barrage Hoover. Recueilli par des pêcheurs, le chien s’enfuit et arrive dans une ferme, où un jeune garçon l’adopte malgré les réticences du père.
Plongé dans cet environnement éloigné du monde et du confort de vie qu’il a toujours connu, Homère va devoir se faire une place parmi les animaux de cette ferme, et peut-être même connaître l’amour…

Commentaires

Totalement inconnu en France, Rodney Dangerfield fait partie des comédiens de stand-up les plus emblématiques des États-Unis. Son humour cinglant, basé sur l’autodépréciation, occupe le paysage culturel américain sur plusieurs décennies, entre stations de radio, plateaux télé et de multiples shows à Las Vegas. À 59 ans, il devient une vedette du cinéma avec la comédie culte Caddyshack, réalisée en 1980 par Harold Ramis. Suivront Easy Money (James Signorelli, 1983) et surtout Back to School (Alan Metter, 1986) qui sera un énorme succès. Ayant travaillé avec Ramis sur l’écriture du script, Dangerfield souhaite renouveler l’expérience : est alors envisagée l’idée d’un long métrage de dessin animé dans lequel le comédien apparaîtrait sous les traits d’un chien du nom de Rover Dangerfield. Le projet se veut destiné à un public adulte, dans le sillage des films de Ralph Bakshi.

En plus de l’élaboration du script et des chansons (co-écrites avec le compositeur Billy Tragesser), le comédien investit près d’un million de dollars de sa poche pour commander des concept arts de personnages et de décors aux équipes du studio Hyperion Pictures. Alors que le développement du film est lancé, la Warner intervient pour proposer à Dangerfield de jouer dans Caddyshack 2, prévu pour l’été 1988 ; ce dernier se déclare motivé et accepte la proposition en exigeant un salaire de 7 millions de dollars et la signature d’un accord de distribution pour Rover Dangerfield. Intriguée par le concept du dessin animé, la firme accepte et sollicite à son tour Harold Ramis pour écrire la suite de Caddyshack. Opposé à cette idée (tout comme le reste du casting d’origine), celui-ci finit par céder sous l’insistance du studio et de Dangerfield ; il se retrouve à devoir mener de front le film d’animation et Caddyshack 2 – pour lequel il se fera aider par son collègue Peter Torokvei.
La réalisation de Rover Dangerfield est confiée à l’animateur et storyboarder Steve Moore qui souhaite améliorer le scénario avec sa partenaire d’écriture Rebecca Rees. Mais Dangerfield se montre hermétique à tout changement, contrairement à Ramis qui développera les idées du duo. Durant un séjour à l’hôpital pour une opération bégnine, le comédien – alors sous traitement médicamenteux – semble plus enclin à accepter les modifications du script ; puis quelques jours plus tard, comprenant que son scénario est altéré, il change d’avis en demandant à ce que le réalisateur soit remplacé. Steve Moore, qui avait déménagé et emmené avec lui plusieurs artistes pour travailler sur le film, accuse le coup. Dangerfield, se sentant coupable, le garde dans l’équipe parmi les animateurs principaux.

La situation bascule durant l’été 1987 : le comédien se déclare insatisfait du script de Caddyshack 2. Au mois d’octobre, à seulement quelques semaines du premier jour de tournage prévu, Dangerfield constate que le projet est mal engagé et son enthousiasme s’éteint. Sentant venir la catastrophe, il entreprend de se faire renvoyer avec des exigences élevées comme des parts de royalties supplémentaires ou le final cut. La Warner, qui a dépensé près de 2 millions de dollars de pré-production, voit instantanément la manœuvre et poursuit Dangerfield en justice pour rupture de contrat et réclame une compensation de 10 millions. Mais faute de pouvoir fournir un accord signé par le comédien pour Caddyshack 2, la firme est déboutée de son action. Le film se fera dans un contexte chaotique et sera l’un des plus gros échecs de l’année 1988.
Suite à ce camouflet, la Warner se serait vengée en sabotant Rover Dangerfield, demandant à ce qu’il soit expurgé de son contenu adulte pour en faire un film destiné au public familial (quoique le renouveau des longs métrages animés de Disney en cette période n’est peut-être pas totalement étranger à ce choix). Les réécritures s’enchaînent, le tournage est sans cesse repoussé et ne commencera que le 15 décembre 1989. Des scènes sont coupées, remontées, certains plans sont recadrés par des zooms optiques qui présentent des résolutions d’image différentes. Dangerfield, meurtri, voit le film lui échapper totalement et le clou est enfoncé par la Warner qui décide d’annuler la campagne publicitaire prévue pour le sortir sur un circuit de salles très limité durant l’été 1991, face à Terminator 2 et à la reprise en salles des 101 Dalmatiens. Dans la presse, le comédien, les responsables du studio Hyperion et ceux de la Warner n’expriment aucun commentaire à ce sujet. Sans surprise, le film est un échec critique et public ; il est édité l’année suivante en VHS et Laserdisc avant de disparaître du paysage et d’intégrer finalement la Warner Archive Collection en 2024.
En France, Rover Dangerfield sort durant l’été 1992 sous le titre Homère, le roi des cabots dans l’indifférence générale. La même année, le comédien se retrouve une nouvelle fois au tribunal, cette fois-ci face à Harold Ramis qui estime que l’idée initiale du film vient de lui et que les 350.000 dollars qu’il devait recevoir pour le développement du script ne lui ont jamais été versés. Le litige sera réglé mais les deux hommes ne travailleront plus ensemble et Dangerfield évoquera à peine le dessin animé en quelques lignes dans son autobiographie.

Le résultat final souffre inévitablement de ses multiples remaniements avec des séquences qui se succèdent de façon métronomique, ponctuées par des fondus au noir bien marqués. La concentration du récit sur les blagues et mots d’esprit du protagoniste empêche le développement des autres personnages qui apparaissent comme très fonctionnels, à commencer par Daisy dont la romance avec Homère se noue quasi-instantanément sans véritable explication. Les quelques chansons qui ponctuent le film contribuent certes à caractériser le chien volubile mais ne suffisent pas à rattraper la légèreté du scénario. La chose est d’autant plus regrettable que le film est techniquement soigné. L’équipe, composée de 150 artistes (dont Jeff Smith, le créateur de la bande dessinée Bone), démontre son savoir-faire avec une animation fluide, des décors réussis (dont un désert en image de synthèse pour le travelling d’ouverture) et une belle maîtrise des couleurs. Le chara-design est un peu plus inégal, hésitant entre le style de Don Bluth et celui de Ralph Bakshi (notamment pour Rocky, aux traits plus acérés que les autres personnages).
Pourtant, si Homère, le roi des cabots ne brille pas par la consistance de son récit, il n’en conserve pas moins la personnalité de son auteur et donne une image attachante que ce qu’était l’humour de Rodney Dangerfield. Hyperion Pictures tentera par la suite un autre film d’animation basé sur un humoriste, en l’occurrence Robin Harris avec Bebe’s Kids, réalisé par Bruce W. Smith en 1992.

Merci à claude et quasimodoworld^^ pour le cast VF.

Doublage
Voix françaises :
Bernard AlaneHomère
Céline MonsarratDaisy
Thierry WermuthGalopin
Martine MeiragheConnie
Pascal RenwickRocky
Jean-Loup Horwitzun speaker, Flop, un loup
Robert DarmelMax, un gangster
Liliane Gaudetl’épouse de Chester le coq
Auteur : Klaark
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Rover Dangerfield © Rodney Dangerfield / Warner Bros, Hyperion Pictures, Kushner-Locke Company
Fiche publiée le 24 juillet 2025 - Lue 221 fois