Captain Power : VHS interactives

L'an 2147. La Guerre des métaux, qui a vu l'avènement de la machine, n'a laissé sur Terre que des ruines et les rares rescapés humains tentent d'échapper aux robots Biotron, qui les pourchassent sans répit.
Les soldats du futur, une équipe de résistants, munis de puissantes armures et de tout un arsenal de combat, entreprennent, sous la direction du Capitaine Jonathan Power, de lutter contre le Seigneur Biotron et ses créatures de métal... Mais la tâche semble folle et désespérée...

En 1987, Mattel entreprend de concrétiser l'idée un peu folle de produire des jouets interactifs, qui interagiraient avec une série télévisée ambitieuse. Mattel comptait reprendre la main sur le marché du jouet, à une époque où sa licence phare, les Maîtres de l'Univers, était en perte de vitesse face aux gammes plus novatrices de ses concurrents du moment. Bien avant Internet et les jeux en réseau, l'interactivité était un concept plein de promesses qui faisait, sur le papier, rêver les enfants des années 80, qui se voyaient déjà jouer un rôle essentiel dans les séries qu'ils regardaient...

La série Captain Power est mise en chantier par la société Landmark. Sur un ton noir et pessimiste, le scénario met en place une allégorie de la Seconde Guerre mondiale, sur fond de domination de la Terre par les machines qui lutteraient contre des héros costumés. Une sorte de mélange entre les sentaï japonais et Terminator.
Mattel voyait là la possibilité de lancer une nouvelle gamme originale. Malheureusement, si les figurines classiques étaient abordables, les véhicules sensés être utilisés avec les épisodes, étaient chers et leur utilisation peu convaincante puisqu'il fallait tirer en appuyant sur la gâchette du jouet, sur les cibles placées sur les soldats Biotron quand ils apparaissaient à l'écran... A chaque épisode, les tirs en rafale pleuvaient et pouvaient, par infrarouge, toucher le capteur du jouet... Si celui-ci recevait trop de tirs ennemis, le cockpit explosait et éjectait la figurine... En France, ces fameux jouets interactifs étaient qui plus est, sortis bien après les figurines et n'ont pas non plus rencontré le succès escompté. Il faut dire que viser les cibles sur la télé n'était pas simple. Les tirs des ennemis dans les épisodes étaient hasardeux et on ne savait pas très bien ni ne comprenait quand les adversaires nous touchaient... Il était au final plus amusant de jouer avec ses copains en faisant s'affronter les vaisseaux ennemis dans le salon, mais encore fallait il disposer des jouets en question, qui étaient trop onéreux pour provoquer un achat massif, comme pour les Maîtres de l'univers... Le concept lasse et ne séduit pas.
La série, de plus, était bien trop adulte et en avance sur son temps. Le scénario, beaucoup plus complexe qu'il n'y paraissait, demandait aussi de bien suivre chaque épisode pour saisir toutes les subtilités de l'intrigue.

Pourtant, Mattel avait mis les moyens. Pour pousser le concept jusqu'au bout, la firme a sorti trois cassettes vidéo dans le commerce, pour jouer avec les véhicules et ne pas être dépendant ainsi de la diffusion hebdomadaire des épisodes pour profiter pleinement de ses jouets. A ces trois aventures, correspondaient trois niveaux de difficulté qui se voulaient croissants. La première cassette, "entrainement des forces du futur" était assez simple (comprenez par là, peu de tirs ennemis et peu d'action effrénée à l'écran). La deuxième, "Mission d'assaut Biotron" était d'un niveau moyen, avec plus de cibles et de clignotements à l'écran. La dernière, "raid sur Volcania" était le niveau "hard" avec de nombreux tirs et ennemis en même temps à l'écran.
Mais c'est surtout le principe de ces trois épisodes qui surprend quand on connait la série. Si chaque introduction et conclusion est amusante, avec les soldats du futur qui s'adressent au spectateur en lui précisant qu'il fait "partie de l'équipe" désormais et qu'il va devoir les accompagner en mission, sous le nom de "Pilote 1", la suite est beaucoup plus étonnante. En effet, ces aventures sont carrément des dessins animés, réalisés au Japon (ça se ressent complètement). De fait, ils sont agréables et parfois impressionnants et nous font même regretter que Captain Power n'ait pas été un animé plutôt qu'une série avec acteurs, forcément limitée au niveau du budget. Là où la série ne propose que quelques figurants déguisés en robots, accompagnés d'un chef miliaire en images de synthèse, les trois dessins animés offrent à l'écran ce que devrait être dans la série l'empire Biotron : une véritable armada composée d'innombrables vaisseaux et robots qui virevoltent dans le ciel et sur terre.
Ces trois "missions" interactives prennent d'ailleurs des libertés. Alors que les chefs militaires sont seulement deux dans la série (Tyrasson et Sauron), ici nous devons affronter des légions entières de ces créatures, sans compter les véhicules comme les entrecroiseurs, existant en jouet, mais absents de la série... L'animation n'étant pas en reste, on se surprenait à manier son jouet comme si on pilotait vraiment, pour tenter d'éviter les tirs ou s'aligner sur l'ennemi...
Au final, ces courts programmes étaient plus amusants que de jouer "contre les épisodes", car ils étaient calibrés pour le jeu uniquement et sans temps mort, là où forcément la série travaillait son scénario avec des dialogues et de longs moments sans action.
Chaque jeu était suivi sur chaque cassette d'un épisode de la série télé...

Captain Power reste depuis une série un peu oubliée. C'est dommage car elle était réellement passionnante mais ses moyens limités, qui la rendaient visuellement déjà un peu kitsch à l'époque, et sa trop grande ambition d'être servie par une technologie qui n'aura au final jamais vraiment convaincu, auront eu raison d'elle. Il reste tout de même ces trois VHS originales pour garder un souvenir de ces parties endiablées, que finalement peu d'enfants auront vraiment expérimenté, et dont les phases d'action nous font un peu regretter qu'il n'y ait jamais eu de dessin animé non interactif sur cette franchise, dont la deuxième saison qui devait clôturer l'histoire, n'a jamais vu le jour..