Héros Modestes : Ponoc Short Films Theatre

Fiche technique
Nom originalChiisana eiyû: Kani to tamago to tômei ningen
(ちいさな英雄-カニとタマゴと透明人間)
Les Petits Héros : Le Crabe, l'Oeuf et l'Homme Invisible
OrigineJapon
Année de production2018
ProductionStudio Ponoc, Dentsu, Nippon Television Network Corp., Tôhô
AnimationCoMix Wave, DR Movie, R.I.C, Studio Chizu, Wish
Durée53 minutes
RéalisationHiromasa Yonebayashi (Kanini & Kanino), Yoshiyuki Momose (La vie ne perdra pas), Akihiko Yamashita (Invisible), Takuya Okada (intermèdes)
ProductionKazuyuki Shimada, Yoshiaki Nishimura, Naoki Iwasa, Satoshi Suzuki (3), Ei Hayakawa, Hibiki Itô
ScénariiHiromasa Yonebayashi (Kanini & Kanino), Yoshiyuki Momose (La vie ne perdra pas), Akihiko Yamashita (Invisible)
Effets SpéciauxKeiko Itokawa, Atsushi Okui
Chara-DesignYoshiyuki Momose (La vie ne perdra pas), Akihiko Yamashita (Kanini & Kanino, Invisible)
Direction de l'animationShunsuke Hirota (La vie ne perdra pas), Yoshiyuki Momose (La vie ne perdra pas), Akihiko Yamashita (Invisible)
Direction artistiqueKaori Hino, Uken Ryû, Kôji Tajima
Direction du sonKôji Kasamatsu
Direction de la 3DJôji Yamada, Rie Awaji, Shôsuke Uechi, Takuya Okada, Ren Kikuchi
DécorsAkihiro Matsuo, Miyuki Kobayashi, Shinpei Ôkuma
MontageToshihiko Kojima, Yumiko Nakaba
Direction photographieJirô Tazawa, Kentarô Minegishi, Tôru Fukushi
MusiquesTakatsugu Muramatsu (Kanini & Kanino), Masanori Shimada (La vie ne perdra pas), Yasutaka Nakata (Invisible)
Adaptation françaiseThierry Renucci
Direction de doublageKarl-Line Heller
Gén. VO interpreté parKaela Kimura
 
» Staff étendu
Diffusions
1ère diffusion francophone6 septembre 2019 (Netflix)
Synopsis

Ils sont vulnérables, marginalisés, démunis...et pourtant, les protagonistes de cette anthologie trouveront la force de faire face aux pires épreuves que la vie leur réserve et devenir de véritables héros.

Kanini & Kanino : Dans le monde sous-marin, Kanini et Kanino sont frères et sœurs...mais aussi des créatures sous-marines ! Depuis le départ de leur mère, ils vivent sous la tutelle de leur père. Lorsqu'un jour ils sont séparés, les deux enfants, tout deux de la taille d'un pouce, décident de braver tout les dangers, affronter les pires situations et franchir des terres interdites afin de retrouver leur père, et ce malgré la menace d'une carpe affamée rôdant alentours...

La vie ne perdra pas : Shun est un petit garçon dont la vie est bouleversée, depuis sa naissance, par son allergie mortelle aux œufs, pouvant être sujet au choc anaphylactique à la simple présence et odeur de l'aliment dans une pièce. Une précaution draconienne est prise par ses parents, et plus particulièrement par sa maman (qui est professeure de danse), afin d'éviter tout contact avec les œufs. Nous suivons le quotidien d'un enfant à part qui ne demande qu'à mordre la vie à pleine dent, et celui d'une mère inquiète pour la vie de son fils...

Invisible : Nous ne connaissons ni son nom, ni le métier qu'il exerce, et encore moins son visage. Si il porte des vêtements comme nous, le héros de cette histoire est littéralement invisible, et qui plus est, léger comme une plume, forcé de lester son corps avec un extincteur qu'il doit emmener partout. Il est ignoré de tous, de sa jolie collègue de travail à la caissière de supérette. Personne ne semble le voir. Alors qu'il se sent seul et au fond du gouffre, un évènement impromptu se présente à lui...

Commentaires

Héros Modestes est le second film pour le cinéma réalisé par le studio Ponoc, crée en 2015 par le producteur Yoshiaki Nishimura dans la foulée de l’arrêt (temporaire) des activités du studio Ghibli, et ce afin de consolider son personnel et son savoir-faire. Ils sortent un premier film en 2017, Mary et la Fleur de la Sorcière, mais celui-ci peinera à convaincre critique et publique trouvant le long-métrage trop conventionnel et marqué du sceau de Ghibli.
Lors de l’étude d’un nouveau projet, les créatifs et les producteurs du studio penchent rapidement sur une anthologie comportant plusieurs court-métrages. L’idée est venue de l’amour de l’équipe pour les films courts, qu’ils considèrent tous comme un art à part entière au même titre que les longs-métrages, souhaitant s’inspirer des Silly Symphonies des studios Disney. Il est rapidement décidé que le film serait accessibles à toutes les tranches d'âge (ce qui est une volonté de Nishimura pour le studio en général) mais aussi que chaque segment aborderait le thème du héros de la vie quotidienne considéré comme très faible avant de pouvoir briller, insistant souvent sur le fait qu’ils se sentent petits par rapport à un monde gigantesque et hostile, ou le danger rôde.
Entrecoupés d'intermèdes en images de synthèse (réalisées par Takuya Okada), avec pour toile de fond un festival du film d'aspect enfantin présentant les différents films, ceux-ci s’avèrent originaux et particulièrement intéressants, artistiquement parlant :

Kanini et Kanino est le premier film réalisé par Hiromasa Yonebayashi dont le scénario est original et non basé sur un roman. Dans cette aventure initiatique, le réalisateur développe un monde marin réaliste. Réalisme qui est renforcé par l’incrustation de matières réelles, qui ont étés filmées puis introduits à l’animation, comme du sable jeté dans l’eau ou l’écoulement d’une rivière. On note aussi des effets en 3D, donnant un aspect crépusculaire à la terrifiante carpe dont sont confrontés les deux enfants. Une texture en 3D est enfin ajouté à l’environnement, pour plus de reliefs à ce monde sous-marin.
Ce mélange d’effets divers s’imbriquent parfaitement dans l’animation traditionnelle du film, donnant des effets saisissants dans plusieurs scènes, mis au service d’un récit trépident. Les personnages parlent un langage imaginaire, renforçant notre rapport avec les images.

La vie ne perdra pas est basée sur une histoire vraie, puisque le producteur Yoshiaki Nishimura connaissait un enfant atteint de la même allergie à conséquence extrême que Shun. Pour préparer son script, Yoshiyuki Momose s’entretint longuement avec la mère de l’enfant, notamment en ce qui concerne les précautions qu’elle doit prendre assidûment et les sacrifices qu’elle doit faire pour son fils en général. On retrouve chez Momose une patte graphique particulière, puisque le segment arbore une direction artistique proche des dessins en aquarelle et des illustrations pour enfant, ce qui s’explique par le fait qu’on adopte le point de vue d’un petit garçon. Une certaine malléabilité est à l’honneur dans l’animation, qui va se modifier selon le danger que court Shun (vision qui se trouble, badauds peints en noir pendant une scène de foule). On note également l’utilisation de la rotoscopie pendant une scène de danse.
L’histoire de cette deuxième partie qui prend place cette fois dans un quotidien réaliste, le seul des trois films à ne pas intégrer de fantastique, est émouvante, réussissant à merveilles à naviguer entre le regard enfantin de Shun et celui adulte de sa mère, et les personnages sont traités avec une grande justesse. Il faut également noter à quel point il est exceptionnel qu’un dessin-animé traite d’un sujet de santé qui peut sembler banal mais qui est souvent marginalisé.

Enfin, Invisible, le dernier film, est venu d’une réflexion que se sont faite Yoshiaki Nishimura et Akihiko Yamashita dans un café : le second réalisant qu’il ne se souvenait pas du visage du serveur, ils imaginèrent une histoire gravitant autour des gens qui sont souvent ignorés et qui paraissent anecdotiques, voir invisibles aux yeux des autres, reprenant le concept de l’homme invisible sous un angle plus innovant.
Pour donner vie à un personnage qui ne peut transmettre d’émotion ou d’expression faciale, le réalisateur s’est appliqué dans la mise en scène : l’animation est d’une grande fluidité, et il faut noter que la météo change subtilement selon l’humeur de son protagoniste (il pleut averse avec des couleurs terne lors des moments de dépression, ensoleillé et coloré lorsqu’il est joyeux). Avec peu de dialogues, Yamashita a également emprunté les mécaniques du cinéma muet, mais sur un ton mélancolique et un environnement réaliste. Les scènes d’envol sont également à couper le souffle et burlesques. En définitive, on se trouve face à une vision douce-amère des films de Buster Keaton et Charlie Chaplin ! Le scénario est d'une grande profondeur et nous fait ressentir les émotions de cet homme transparent.

Il devait également y avoir un quatrième segment, et Isao Takahata fut invité à le réaliser, mais il décédera avant de s’y atteler, et décision sera prise de limiter l’anthologie à trois films. Héros Modestes est sortie dans les salles japonaises et aux Etats-Unis, et dans le reste du monde il fut diffusé sur Netflix, avec un très bon doublage français. L’introduction avec une mention Volume 1 suggère que d’autres anthologies pourraient être réalisées à l’avenir.
Héros Modestes est un film attendrissant, les courts-métrages proposés sont techniquement ambivalents, complémentaires, et les trois histoires sont à la fois fortes et positives, chacune ayant une morale sur le courage et la motivation. Les artistes de Ponoc ont su proposer un véritable démarquage du studio Ghibli, et on ne peut que leur souhaiter un avenir florissant.

Doublage
Voix françaises :
Charley MarotShun
Christèle BillaultLa maman de Shun
Cécile Gatto
Corinne Martin
Frédérique MarlotLa petite fille allergique aux noisettes
Hervé Glen
Jean-Marc Charrier
Loïc Guingand
Auteur : mauser91
Sources :
Interview de Yoshiaki Nishimura
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Chiisana eiyû: Kani to tamago to tômei ningen © / Studio Ponoc, Dentsu, Nippon Television Network Corp., Tôhô
Fiche publiée le 02 septembre 2023 - Lue 3624 fois