Synopsis
Au cours d’une cérémonie nuptiale unissant le gourou de la secte Hurluberlu à une mystérieuse jeune femme, le célèbre voleur Lupin III profite de l’occasion pour échafauder son nouveau coup : mettre la main sur la Fraulein Eule, une drogue puissante que le gourou utilise pour manipuler ses fidèles. Mais ses projets échouent rapidement et Lupin se retrouve face à la future mariée. Nommée Fujiko Mine, la jeune femme complote également de son côté. Après cette première tentative échouée, Fujiko fait la rencontre de deux tueurs à gages réputés : Daisuke Jigen, le flingueur qui ne rate jamais sa cible, et Goemon Ishikawa XIII, l’épéiste de talent. Par la suite, Fujiko retrouve peu à peu d’étranges souvenirs laissant supposer qu’elle aurait été victime de sévices durant son enfance. Alors qu’elle cherche à tout prix à se débarrasser de ces flashbacks terrifiants, Lupin décide d’enquêter sur le passé de la jeune femme. Qui peut bien être Fujiko Mine ?
Commentaires
Réalisée pour les 40 ans de la première série autour du personnage de Monkey Punch, Une femme nommée Fujiko Mine fut le déclencheur d’un important changement dans la filmographie du petit-fils d’Arsène Lupin. Diffusée au printemps 2012 sur les chaînes japonaises, elle signe le retour du célèbre cambrioleur dans une série du petit écran, presque 30 ans après la fin de Lupin Part III (3ème série TV diffusée entre 1984 et 1985, elle demeure inédite en France) ! Ce projet mit également en place plusieurs autres adaptations animées supplantant la tradition des téléfilms annuels débutée en 1989 et achevée en 2013 : la même année fut réalisée une édition DVD compilant de nombreux reportages, documents d’archives et clips sur la licence et l’année suivant sortit un nouveau film mettant en scène Lupin III face à Détective Conan (les deux personnages s’étaient cependant déjà affrontés dans un téléfilm diffusé en 2009). Enfin, un nouveau projet de série plus grand public, coproduction entre le Japon et l’Italie, a commencé sa diffusion en 2015 (L'avventura italiana). Ces différents projets ont permis à la licence de rebondir après des années sans quasiment aucun autre projet animé que les téléfilms annuels. En effet, entre 1997 et 2011, les deux seules productions hors téléfilms furent les OAV Ikiteita Majutsushi en 2002 (faisant intervenir le personnage de Pycal aperçu dans la première série) et Green vs Red en 2008.
Si Une femme nommée Fujiko Mine a permis de rompre un peu la tradition du seul téléfilm annuel, elle renoue également avec le manga original, tant dans son ambiance que dans son design. Le character designer Takeshi Koike (aussi réalisateur sur Animatrix, Redline...) est resté assez fidèle au trait de Monkey Punch tout en amenant sa propre patte graphique. Si les précédentes séries avaient une direction artistique assez classique, cette série se permet au contraire pas mal d’innovations sur le plan visuel. L’aspect graphique des personnages et leurs mouvements (les dessins sont soulignés par des ombres et des hachures au crayon) rappellent davantage les cases d’une bande-dessinée. Certains éléments du décor tirent par exemple leur inspiration du mouvement Art Déco ou encore certains flashbacks coloriés dans des teintes pastel évoquant les dessins aux crayons de couleur. On notera aussi l’omniprésence de symboles durant certains épisodes, comme le hibou ou les papillons (figurant les hallucinations crées par la prise de drogue), qui prennent tout leur sens dans les derniers épisodes. Le scénario quant à lui s’attarde pour la première fois sur un autre personnage phare de la saga : Fujiko Mine, la cambrioleuse de charme. Jusqu’à présent, si certains épisodes s’attardaient davantage sur les autres protagonistes en leur accordant une place centrale dans l’intrigue, le héros restait bel et bien Lupin. Dans cette série par contre, il est davantage en retrait et bien que Lupin ait un rôle important, le scénario s’attarde essentiellement sur Fujiko. C’est également la première série à proposer une intrigue s’étirant sur l’ensemble des épisodes et n’étant pas constituée de chapitres indépendants.
Fujiko Mine est un personnage un peu à part dans l’univers de Lupin III : bien que présente dès le chapitre 3 du manga, elle apparaitra par la suite sous de multiples identités avec parfois un design différent, mais toujours sous le nom Fujiko Mine. Monkey Punch ne fixera définitivement sa personnalité et surtout sa place au sein de l’équipe qu’à partir du chapitre 56. Néanmoins, son background très différent d’un chapitre à l’autre est resté depuis un mystère. Les lecteurs du manga sont d’ailleurs habitués à ces variantes sur le passé des protagonistes selon les humeurs du mangaka : on se souviendra notamment de ces deux chapitres prenant place au tout début du manga où Lupin présente d’abord Jigen comme un ami d’enfance avec qu’il a grandi, alors qu’au chapitre suivant ils se seraient rencontrés à l’âge adulte ! D’autres adaptations animées ont joué sur le passé flou de nos protagonistes, comme le téléfilm Episode 0 : First Contact qui propose une nouvelle version de leur rencontre. Une Femme nommée Fujiko Mine s’inscrit donc dans cette tradition du background multiple, mettant ainsi en scène un potentiel passé de l’héroïne qui expliquerait les causes de sa personnalité actuelle. Au cours de la série, Lupin s’interroge ainsi régulièrement sur la véritable identité de Fujiko. La série se veut un prologue à la première série TV, où les futurs protagonistes font connaissance avec Fujiko ; Jigen ne connaît pas encore Lupin, mais les derniers épisodes laissent envisager qu’il finira par devenir son partenaire ; dans le dernier épisode, Lupin déclare sa flamme à Fujiko en l’appelant pour la première fois par son surnom fétiche (le célèbre Fujiko-chan) ; enfin Goemon apparaît dans la série mais sans jamais se retrouver directement face à Jigen et Lupin, restant ainsi cohérent avec le 5e épisode de la première série où les trois faisaient réellement connaissance.
Par rapport aux précédentes adaptations télévisées, l’ambiance de la série se veut plus proche du manga original. La violence et les scènes érotiques sont donc plus explicites et visent clairement un public averti (même si beaucoup de scènes sont bien entendu suggérées) ! Le manga était effectivement plutôt sombre à l’origine, néanmoins cette ambiance adulte était contrebalancée par de nombreuses séquences et expressions humoristiques, sans parler des chutes délirantes à chaque chapitre. Ce mélange entre ambiance assez sombre et humour cartoonesque est parfaitement respecté dans cette nouvelle adaptation ; on peut dire d’une certaine manière que Une Femme nommée Fujiko Mine rend à la fois hommage à l’œuvre originale, mais apporte également un vent de fraîcheur parmi les différentes adaptations de Lupin III. On remarquera d’ailleurs différents thèmes abordés au cours des épisodes (la drogue, les maltraitances, les expériences scientifiques) ainsi que différentes influences provenant des récits d’aventure (la pyramide maudite), du roman Le Fantôme de l’Opéra, des classiques du manga comme Très cher frère (voir fiche de la version animée), et même d’événements réels : l’épisode 7 propose ainsi une relecture amusante de la Révolution Castriste. On notera aussi de temps à autres une petite pique lancée à l’encontre du Château de Cagliostro, qui proposait un Lupin plus sage et romantique : par exemple, dans une scène de l’épisode 6, la jeune Isolde se voit demander : ''Vous-a-t-il volé votre cœur ?'', en référence à une réplique culte du film. La jeune fille durant cette courte séquence est d’ailleurs dessinée avec des cheveux courts très similaires à ceux de la Clarisse de Cagliostro.
Si la série a fait beaucoup parler d’elle sur les forums occidentaux à l’époque de sa diffusion, elle recueillit également des avis mitigés. Certains fans apprécièrent de retrouver un Lupin plus mûr et bien plus fidèle au manga, tandis que l’originalité du graphisme, l’ambiance assez sombre (voire glauque par moments) et la conclusion de la série déplurent à d’autres. La série mit d’ailleurs presque quatre ans à sortir en France, bien que plusieurs éditeurs se disaient intéressés par la licence. Ce fut également la première édition française d'un opus de la saga depuis 2008, si l’on excepte la réédition Blu-Ray du Château de Cagliostro ! Tout comme les téléfilms sortis par Dybex, cette nouvelle édition propose un changement de cast complet, ne reprenant donc aucune des voix réunies par IDP. Néanmoins, le résultat est d’assez bonne qualité et la traduction soignée grâce à des dialogues respectant le ton de la version originale. Profitant que les romans d'Arsène Lupin soient tombés dans le domaine public en 2012, cette VF est également la première à utiliser le nom Lupin pour notre cambrioleur, la dernière tentative remontant à 1981 dans le Secret de Mamo (uniquement la première VF) ! On notera aussi que contrairement à cet ancien doublage où le nom d'Arsène Lupin était éludé, l'identité du fameux grand-père est ici explicitement mentionnée.
Liste des épisodes
01. Gentleman cambrioleur contre Voleuse de charme
02. 357 Magnum
03. Le samouraï et la préceptrice
04. J'ai vécu d'art, j'ai vécu d'amour
05. Dangereux ménage à trois
06. Prison d'amour
07. Révolution et musique
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08. Prédiction macabre
09. Affection
10. Ville fantôme
11. La fête des idiots
12. Une femme nommée Fujiko Mine (partie 1)
13. Une femme nommée Fujiko Mine (partie 2) |
Doublage
Voix françaises (Studio O'Bahamas) :
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