Fiche technique
Nom original | Sennen Joyû (千年女優) |
Origine | Japon |
Année de production | 2001 |
Production | Madhouse, Kadokawa Shoten, Wowow, Bandai Visual, The KlockWorx, Genco |
Durée | 87 minutes |
Auteur | Satoshi Kon |
Réalisation | Satoshi Kon |
Assistant-réalisation | Kô Matsuo |
Producteur exécutif | Tarô Maki |
Scénarii | Satoshi Kon, Sadayuki Murai |
Planning | Masao Maruyama |
Chara-Design | Satoshi Kon, Takeshi Honda |
Direction de l'animation | Takeshi Honda, Toshiyuki Inoue, Hideki Hamasu, Ken'Ichi Konishi, Shôgo Furuya |
Direction artistique | Nobutaka Ike |
Direction du son | Masafumi Mima |
Conception / Rech. Décors | Yasumitsu Suetake |
Chef coloriste | Ken Hashimoto |
Montage | Satoshi Terauchi |
Direction photographie | Hisao Shirai |
Musiques | Susumu Hirasawa |
Adaptation française | Nadine Sobania Lefeuvre |
Direction de doublage | Guylaine Gibert |
| » Staff étendu |
Diffusions
Arrivée en France (cinéma) | 18 décembre 2019 |
Synopsis
Genya Tachibana, un journaliste qui réalise des documentaires pour la télévision, est sur le point de réaliser son rêve : interviewer son idole, l’actrice Chiyoko Fujiwara, qui s’est retirée du monde du spectacle il y a 30 ans. Avec un cameraman, Kyoji Ida, il part dans la montagne retrouver l’actrice qui est désormais âgée de 70 ans et qui reçoit rarement des gens chez elle. Genya profite de cette visite pour remettre à Mme Fujiwara une petite boite contenant une clef en or. Il s’agit d’une boite qu’elle avait égarée et qu’un employé d’un studio de cinéma avait retrouvée et confiée à Genya. Ce denier l’a conservée pendant des années en espérant pouvoir la lui remettre. La vue de cette clef émeut beaucoup l’actrice et, événement très surprenant, la terre se met à trembler lorsque la touche ! Choyoko n’est cependant pas décontenancée : pour elle, c’est le signe que l’interview peut débuter. Elle explique ensuite qu’elle est habituée aux tremblements de terre car il y en avait eu justement un lors de sa naissance, en 1923. Son père mourut d’ailleurs ce jour-là, enseveli sous les décombres. Le magasin qu’il possédait permit heureusement à Chiyoko et à sa mère de vivre décemment. Plus tard, en revenant de l’école, elle fut repérée par le directeur des studios Ginmei qui désirait lui faire faire ses débuts d’actrice dans un film de propagande censé remonter le moral des trouves japonaises (le pays était alors en guerre contre la Chine). Hélas, sa mère s’opposa à cette carrière car elle voulait qu’elle reprenne la boutique familiale. Juste après cette déception, Chiyoko rencontra un jeune homme fuyant la police. Sans bien savoir pourquoi, Chiyoko lui offrit son aide pour qu’il échappe à ses poursuivants. Le jeune homme, était un peintre originaire de la Mandchourie (région chinoise envahie à l’époque par le Japon) et qui désirait rentrer chez lui pour retrouver ses compagnons activistes. Chiyoko remarquant la clé en or que le jeune homme portait autour du cou, elle ne peut s’empêcher de lui demander ce qu’elle ouvrait. Elle n’eut comme réponse qu’une phrase laconique : « elle ouvre le bien le plus précieux qu’il puisse y avoir : la vie ». Chiyoko ne comprit pas vraiment ce qu’il voulait dire mais ils se firent la promesse d’en parler plus longuement le lendemain. Hélas, le lendemain le jeune homme dut partir précipitamment à cause de la police, sans revoir Chiyoko. Celle-ci trouva pourtant par terre la fameuse clé qu’il avait laissé tomber durant sa fuite. Elle se fit alors la promesse de le retrouver en Mandchourie et pour cela accepta la proposition du directeur des studios Ginmei, et ce, malgré la désapprobation de sa mère. Ainsi commença sa carrière dans le cinéma...
Commentaires
4 ans après le succès surprise de son premier long-métrage, Perfect Blue, Satoshi Kon revient avec un nouveau film qui va contribuer à faire de lui l’un des plus grands réalisateurs du cinéma d’animation japonais de ces dernières années. Dans ce film, il continue de disséquer le rapport trouble qui existe entre le réel et l’imaginaire et pour cela s’appuie à nouveau sur le personnage d’une actrice dont la vie de femme et la vie sur l’écran se mélangent tour à tour. Cependant, Millenium Actresss s’avère très différent de Perfect Blue.
En effet, non seulement on suit Chiyoko sur l’ensemble de sa carrière là où on ne voyait que le tournage du premier film de Mima, mais surtout le cinéma a ici une place primordiale alors que dans Perfect Blue il n’apparaissait qu’en toile de fond. L’idée très originale de Satoshi Kon est de mélanger les scènes de la vie privée de Chiyoko avec celles des rôles qu’elle interprète, créant ainsi une confusion ambiguë entre ses souvenirs personnels et ses souvenirs de tournage. Ce mélange est d’autant plus troublant que Chiyoko interprète des rôles très différents, qui reflètent par ailleurs l’évolution du cinéma japonais durant les années 30 à 50, ce qui se répercute sur le style graphique qui change quelque peu tout au long de ces scènes ! Autre grosse différence avec Perfect Blue, un ton plus léger avec notamment un humour bienvenue qui permet de dédramatiser certaines scènes (sans les rendre moins émouvantes). Ce sont principalement les personnages de Genya et de son assistant cameraman qui apportent cette touche en s’immisçant (en tant que spectateurs) dans les souvenirs de Chiyoko comme si ceux-ci prenaient vie devant eux ! Cette idée sera largement reprise par le réalisateur dans l’épisode 5 de Paranoïa Agent où l’inspecteur Ikari et son assistant Maniwa se retrouvent plongés dans un univers de jeu de rôle.
Il est intéressant que le personnage de Chiyoko a été créé à partir de 2 célèbres actrices japonaises : Setsuko Hara, surnommée la Greta Garbo nippone, qui s’est complètement retirée du monde du spectacle au début de la quarantaine et Hideko Takamine, dite la Shirley Temple japonaise (parce qu’elle a débuté sa carrière enfant), et dont la filmographie jalonnée de rôles de femmes fortes semble avoir inspiré Satoshi Kon pour son personnage.
Outre ces inspirations, on note de très nombreux hommages au cinéma (essentiellement japonais), qui ne seront décelés que les spectacteurs cinéphiles : ainsi, la séquence qui se déroule au Moyen-Âge reprend des éléments du "Château de l’araigné" (Kumo no Sujô) du célèbre Akira Kurosawa – notamment le personnage de la vieille femme qui maudit Chiyoko – et une autre scène s’inspire du "Voyage à Tokyo" (Tôkyô monogatari) de Yasujirô Ozu (film dans lequel jouait justement Setsuko Hara). A la fin de Millenium Actress, c’est le cinéma américain et en particulier "2001, l’odyssée de l’espace" de Stanley Kubrick à qui Satoshi Kon fait référence. Le réalisateur ne se contente pas de faire de simples clins d’œil, il va même jusqu’à réutiliser le style de ces cinéastes lors de ces séquences ! On peut aussi voir dans le propos du film un homme à Terry Gilliam et en particulier au film "Brazil" que Satoshi Kon a déclaré adorer, dans lequel on retrouve le rapport ambiguë entre fiction et réalité qu’affectionne tant le réalisateur japonais. De manière générale, ce dernier semble regretter le cinéma d’antan, impression renforcée par le fait le personnage de Genya ne peut s’empêcher de pleurer un âge d’or disparu.
Véritable chef d’œuvre, Millenium Actress a remporté un très grand succès et a reçu de nombreuses récompenses. Par la suite, Satoshi Kon réalisera deux autres longs-métrages, Tôkyô Godfathers en 2003 et Paprika en 2006 avant de nous quitter abruptement en 2010.
A noter que Dreamworks a racheté les droits d’exploitations du film dans l’objet d’en faire un remake live, qui ne s’est finalement pas fait. Malheureusement, la firme détient toujours les droits, ce qui empêche celui-ci d’être réédité ou de passer à la télévision. Il est néanmoins sorti au cinéma en décembre 2019 et ressortira l'année suivante en support physique chez All The Anime et pour la première fois en haute-définition !
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